Voilà déjà longtemps qu'on s'acharne à « détruire le roman », à écrire des «anti-romans». Il est même probable que, pour l'essentiel, le meilleur, le plus vivant du roman depuis un demi-siècle soit sorti de cette volonté de suicide. Echenoz renverse la vapeur. Il croit au roman, même si cette foi n'est pas celle du charbonnier et qu'elle s'accompagne d'un regard critique et d'une bonne dose d'humour. A lire Les grandes blondes, il apparaît même que le romanesque, cette mise en présence de l'aléatoire, du libre-arbitre et de la nécessité, soit un des derniers espaces qui résistent à la vitrification de notre univers, une des dernières chances de l'irrégularité. Les grandes blondesressemble à une machine (...) qu'un ingénieur aurait savamment déréglée tout en la construisant. (...) La machine ainsi clandestinement sabotée n'en ferait plus qu'à sa tête. Elle aurait encore l'apparence d'un mécanisme, brillant, nickelé, impassible, rationnel et abstrait, mais elle serait, en fait, vivante et soumise au hasard. (...) Elle serait même tendre, et parfois mélancoliqueJuste retour des choses quand, ailleurs, c'est le vivant qui prend l'allure du machinal, que «le monde est taillé ton sur ton dans la même fibre synthétique». (...)° Revanche de l'écriture : il n'y a pas un chapitre, pas un paragraphe, pas une phrase dans Les grandes blondes qui puisse servir au cinéma.
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EAN
9782707319432
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MINUIT
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Double
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