Édition revue et corrigée
Première édition : PUF, 2000
Tout en évoquant les chagrins amoureux de sa jeunesse, Frédéric Pajak se souvient de Guillaume Apollinaire, le mal-aimé, et des lettres qu'il écrivit chaque jour sur le front de la Grande Guerre. « Les unes furent adressées à Lou, qui ne l'aimait plus, les autres à Madeleine, qui l'aimait déjà. Et Apollinaire les aima toutes les deux, lui qui, du fond de la tranchée où il était engagé volontaire, tenait résolument tous les rôles : soupirant éconduit et séducteur, anarchiste apatride et patriote, poète érudit et poilu grivois. Son théâtre, ce fut la guerre, et la guerre était d'abord à ses yeux un gigantesque drame érotique, un drame où la sensualité se montrait aussi fiévreuse qu'elle était impossible. Ici, Apollinaire allait exacerber les sentiments violemment contradictoires qui furent les siens, et avant tout le chagrin d'amour, son maître absolu, lyrique et mélancolique, moqueur et démesuré. »
Persuadé que quiconque a été un jour anéanti par un chagrin d'amour cherchera à revivre cet anéantissement, Pajak convoque aussi le souvenir d’Emily Dickinson, de CatherineII de Russie, de Stendhal, de Pablo Picasso, de Marcel Duchamp, de Francis Picabia, de Piet Mondrian et de tant d'autres, actrices et acteurs d'un huis clos d’amour et de chagrin où le texte donne la réplique à près de trois cents dessins. Le chagrin d’amour, paru pour la première fois il y a vingt-cinq ans, était devenu introuvable.
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