Liane de Pougy fut l'une des courtisanes les plus célèbres du Paris fin de siècle. Elle se marie en 1910 avec le prince roumain Georges Ghika, plus riche d'espérances que de fortune. L'auteur à succès d'Idylle saphique tient son rôle de princesse désargentée avec beaucoup d'élégance. Tout en gardant sa liberté. Elle aime autant son mari que les femmes qu'elle séduit par sa beauté et son charme. Mais les misères du monde et l'infidélité de son époux l'engagent à chercher Dieu. Elle le trouve en œuvrant pour l'asile de Sainte-Agnès, près de Grenoble.

Liane a commencé à remplir ses " cahiers bleus " en 1919 pour témoigner devant l'an 2000 de ce que fut son existence. On a choisi de faire connaître, un siècle après les événements, l'année 1924. La Princesse Ghika goûte aux plaisirs de journées ordinaires passées entre la capitale et Roscoff. Quelques essayages et sorties à Paris ; des joies domestiques, seuls ou entre amis, au Clos-Marie : homards à la mayonnaise et marches au grand air ! Une vie presque bourgeoise pour une femme hors du commun, dont la plume métamorphose le moindre instant.

Un événement éditorial : la première publication d'après le manuscrit autographe et dans une version intégrale d'une partie des Cahiers bleus. L'œuvre apparaît dans tout son éclat ; elle était jusqu'à présent victime de la censure et des préjugés d'un autre siècle. Toute l'année 1924 tenait auparavant en huit pages imprimées !

Le Journal de Liane de Pougy est un monument littéraire, égal aux œuvres de Marie Bashkirtseff –; son modèle –;, de Mireille Havet ou de Paul Léautaud. Ces carnets intimes, mêlant notations au quotidien et réminiscences, forment un recueil d'anecdotes tour à tour banales, savoureuses ou piquantes. Quant au style de Liane, il est, selon une formule de Salomon Reinach, " plein de vitamines ".

Un témoignage exceptionnel sur la France des années 1920. Mode, littérature, théâtre, cinéma, tous les aspects de l'histoire culturelle du XXe siècle sont évoqués par cette spécialiste du monde des spectacles et de la nuit. On croise toutes les gloires de l'époque : de Max Jacob à Natalie Barney en passant par Elisabeth de Gramont, Missy, Marcel Proust, Reynaldo Hahn, Henry Bernstein, le couple Frondaie, Sacha Guitry et son père. Sans oublier le modiste Lewis ou la couturière Madeleine Vionnet. De touchants, et parfois cruels, portraits.

Édition établie et présentée par Hervé Duchêne.